Un Ding'O en Espagne

Raid Gallaecia ARWS

Raid Gallaecia ARWS, mai 2015 :

Récit d’un Pèlerinage sportif à St Jacques de Compostelle en quelque sorte…

Suite à une petite annonce d’Issy-absolu recherchant un remplaçant de remplaçant pour faire le raid Gallaecia, manche de la coupe du monde de raid ARWS, je cède à l’appel, voilà pour moi l’occasion de participer enfin à un raid à l’étranger ! Me voici donc embarqué pour cette aventure au long cours avec Philippe, Alexandra et Yann. Je connais un peu Philippe pour l’avoir vu plusieurs fois en raid ou à l’époque du trail du Chasse marée et je sais qu’il a une grande expérience de ce genre d’épreuve (Raid Gauloise entres autres) ; un parrain en quelque sorte. Alexandra a déjà terminé le Raid in France, la TDS, autant dire pas une 1ère communiante, et Yann (équipe DSA) est habitué comme moi au raid weekend.

Environ 500km au programme mélangeant vtt, co, trek, canoë, canyon, le tout en orientation par équipe de 4 mixte. En 101 heures maximum, quelques portes horaires à respecter et un repos obligatoire de 3h minimum.

23 équipes au départ de Cuntis en Galicie (NW de l’Espagne), 7 nationalités, les néozélandais Seagate champion du monde en titre sont là ; 3 équipes françaises et moi du Team Ding’O adopté par Issy aventure- absolu raid.

Depuis le « oui je viens » il y a 3 semaines, la peur est omniprésente, elle me hante, mon esprit est déjà tourné vers le sud, alors que je suis pendant 10 jours au fin fond de la Suède et de la Norvège ; serais-je capable, mon équipement est-il adapté ?...

Ha oui, la liste du matériel est conséquente et on part en avion. Philippe me conseille ainsi si que Pierre (le non-partant (merci à lui pour le prêt de sa pagaie carbone)). Je profite donc du voyage en Suède et sur les iles Lofoten pour courir chargé du sac pour s’y faire, faire du dénivelé où j’en trouve, tout ça accompagner de Loïc. Je soigne mes pieds, ils viennent de prendre cher sur le semi du marais vernier, (celui qui devait m’emmener en Martinique et qui finalement ne ce fera pas, la règle du jeu ayant changer après coup visiblement…bref).

Zut, ma paire de cascadia 9 à le dessous de la semelle qui se décolle, achat rapide chez Intersport Gruchet de la Cascadia 10, bah oui elles sont donc flambant neuve au départ, juste 2.5km autour du parc des aulnes. 3 paires au départ, c’est plus prudent. Dimanche matin 10 mai, je retrouve donc l’équipe à l’aéroport CDG, mon vtt dans un carton de 29.9 kg (max 30, ouf !), un sac de 22.9kg (max 23, re-ouf) et le bagage en cabine. Présentation, Alex l’ami d’alexandra est également du voyage pour suivre l’équipe. Arrivée à Santiago de Compostelle, puis l’orga nous emmène à Cuntis ville thermale à 40km au sud. Hôtel très sympa, repas, récupération des caisses vtt, préparation du matos.

Lundi, , alors là pour info, on nous demande pas de certificat médical et tout un tas de patati patatas, juste le matos d’escalade sera vérifié, 4 ou 5 trucs qui sont de bon sens, pour le reste on doit être responsable, la suite de la course en apportera la preuve qu’un minimum dans le sac pour se protéger du froid n’est pas du poids pour rien.

Photo d’équipe, Briefing, là mon espagnol de 4ème et 3ème ne sert à rien et en anglais, ce n’est guère mieux : 1 mot sur 4 , déjà qu’en France je n’écoute pas tout, vous imaginez…. Heureusement Philippe understand un poquo l’espagnoless et muy bien l’english. Distribution des 21 cartes A3 , traçage du chemin idéal. Ca occupe un moment...

Mardi 9h, départ pour 16km de trail O, ça part vite, mais c’est normal. 1 ère balise, les pieds sont dans l’eau. Seagate nous double, nous aurons été au moins une fois devant eux ! 5 ème balise, un torrent à traverser, c’est à la nage ! Le ton du raid est donné. Il fait chaud (pour rappel, j’étais au-delà du cercle polaire il y a peu ^^) , les cartes sont au 50000ème et sont difficiles à apprivoiser ça ira mieux le 4ème jour et encore, donc entrainant à de nombreuses reprises l’équipe sur la mauvaise piste. Enchainement avec le vtt, ça grimpe, ça chauffe, sur-chauffe peut-être pour Alexandra, nous la tractons au tire-minette (élastique entre deux vtt…). Les paysages sont agréables, les ajoncs marins et bruyères sont en fleurs, nous traversons une quantité de petits hameaux, avec de nombreux chiens qui aboient à qui mieux -mieux. (ca va être cool pour les voisins dans les sections de nuit, bon les voisins ont surement aussi un chien alors..)

20h20 nous arrivons pour la section canoë, embarquement à Porto, 45kms entre coupées de 3 CO. C’est parti, sortie de l’embouchure puis pleine mer, le vent est de ¾ face, les vagues sont de plus en plus fortes, arrosant à gogo Philippe à l’avant du bateau, passage au plus près des parcs à moules (très nombreux dans ce secteur). La nuit tombe, Alexandra et Yann dans l’autre canoë sont juste derrière, on devine une équipe au loin, nous sommes seuls (section inimaginables en France où il faudrait presque un porte avion à coté de chaque canoë…. (j’exagère un peu) .Trempé , le rythme des pagaies ne faiblit pas ; sinon avec le vent tu recules !! Nous accostons sur la pointe de l’ile de Arousa, vite il faut courir, ça caille on se met à trembler comme des feuilles mortes au vent, il fait nuit, retour sur la plage et hop, on rembarque, nous longeons cette ile par l’ouest, beaucoup de rochers émergent de l’eau et nous surprennent à plusieurs reprises, le danger de finir dessus et de se retourner est omniprésents, sensations fortes garanties !.

Nous accostons une nouvelle fois sur un passage étroit de l’ile, Alexandra a froid, le mental lâche... on zappe la CO , après avoir tirer les canoë sur l’autre berge, on réembarque au plus vite direction Trabenca, le vent dans le dos, on met un lien entre les 2 canoë. Erreur d’azimut (bah oui, on se dirige à la boussole également en canoë), nous accostons 1h30 plus tard à Carry. Là Alexandra est en hypothermie, nous la changeons intégralement puis essayons de la réchauffer. On part à pied pointer la balise, ça réchauffe, retour au canoë. 3h30 du mat on rentre dans une embouchure , il reste 15km, la marée est contre nous bah oui, ce serait trop simple…., on fait une pose sur le bord pour manger (ce n’est pas facile avec des pagaies…). Ensuite c’est long, je baille sans interruption, Yann s’endort, le bruit de sa pagaie qui tape sur le canoë le réveille. 6h30 fin du canoë à Pontecesure, c’était énorme cette section (10h), elle restera sûrement gravée en moi une paire d’années.

Récupération des caisses vtt, montage du vtt, on décide de passer par la route, plus longue mais en macadam et peut être moins de dénivelé pour rejoindre la section suivante, mais rien n’y fait, Philippe tracte Alexandra, et moi j’en ch… (je me rendrai compte plus tard que ma roue arrière était serrée de travers, le frein faisant bien son office). 

Au bout de 70km, Alexandra jette l’éponge, 28h de course… non pas tout ça pour arrêter là... si.

Baïnas, nous prévenons l’orga. Nous ne pouvons pas faire le canoë suivant sur rivière et le canyoning qui devait être un régal avec un super rappel avec arrivée en mer malgré une t° un peu fraiche. Grrrrr.

L’équipe est secouée, nous rejoignons Ezaro par la route encore il est 17h, que faire ?? Philippe s’est énormément investi dans cette course et est un peu abattu, normal. C’est le coup de massue, mais perso quoi qu’il arrive, je ferai tout pour continuer. Yann est ok.

Nous partons pour le fun tous les deux sur le trek suivant chercher 2 balises avec beaucoup de dénivelé et un terrain pas des plus facile. La vue sur la mer y est magnifique, les nuages effleurent les sommets ; retour à Ezaro. Il faut manger, dormir enfin, avec Yann, il est décidé de partir à 4h du mat', réveil, yes il pleut….super. Philippe est ok.

Nous repartons donc à 3, Fisterra, 9h du mat, on remet les vtt en caisse, le soleil est là et go pour un coastering d’environ 50km prévu en 11h pour les meilleurs ; nous zappons la 1ere balise excentrée. Le parcours est magnifique, de superbes plages, de très jolies baies et le vent de dos, qui projette de belles vagues blanches sur la cote (amis surfeurs) ou sur les rochers. A la vue d’un café de bord de plage, nous en profitons pour boire un pti coup et manger un cône glacé..c’est bon pour le moral !

Arrivée à Muxia, montage des vtt, let’s go, la nuit va tomber, quelques heures plus tard nous passons à proximité d’un bivouac, nous y arrêtons pensant pouvoir dormir un peu. Oui vous pouvez mais comme ce n’est pas la fin de la section, pas d’accès à vos sacs…grrrr bah on dormira sur un tapis au sol avec en guise de couverture un tapis mousse, pas top mais ça évite le confort et la tentation d’y rester plus que prévu. 2 h plus tard, go. Au cours d’un sentier plus technique de nuit, patatras, salto avant, je me fracasse sur les pierres, aie aie ! Philippe m’aide à m’extirper de mes pédales auto. Bien endolori, je remonte en selle, je me serai bien passé de ça surtout que mon genou droit commençait à me faire mal.

Juste pour le fun, je vous raconte un trek de 14km …+ : bord de plage, tu viens de mettre tes running de trail encore un peu mouillées (on aura eu les pieds + ou- mouillés sur 80% du parcours), petite sente, tu esquives les 1ère flaques et puis à quoi bon, on en aura au dessus des chevilles ensuite, l’accès à une jolie plage avec un sable très fin au dessus des chevilles parfois puis sable mou et humide, ensuite fin de plage tu vides tes chaussures pour que le sable arrête son rôle abrasif, on avait déjà mal sans ça… puis grosse montée à travers les ajoncs marins, ça pique ! (ha oui, les guêtres je les avaient dans le canoë mais pas là…) là tes pieds ont un peu séchés, tu retournes dans les sentiers gorgés d’eau et tu repasses dans le sable sec…

Je n’imaginais pas cette région avec autant d’eau au sol, d’où une végétation bien fournie et verte, également de belles forêts d’eucalyptus. J’aime également cette immersion dans ces terres un peu reculées où la vie semble paisible et calme, peut être comme dans nos campagnes il y a 30 ans.

Bref, passage de la 4ème nuit, samedi départ à 2h après 1h45 de sommeil, je sais maintenant que l’on ira au bout. Dernier trek de 35km+ CO de 6km, 6h je lutte contre le sommeil, je chancèle, Yann et Philippe assurent l’orientation, 7h le jour vient de se lever, on fait une pause flash de 10’, allongé au sol, la tête sur le sac, je m’endors dans les 30s. Yann en profite pour réparer ses pieds, tout le monde souffre. Go, dernière ligne droite, enfin presque, ces 10’ m’auront été salvatrices, plus de coup de barre ensuite. Santiago (St Jacques) de Compostelle est proche, nous croisons une quantité importante de pèlerins, certains ont la même tête fatiguée que nous (les pieds aussi j’imagine).

L’arrivée, un moment de soulagement, la place de la cathédrale est bien remplie de touristes, pèlerins, familles et l’arche marquant l’arrivée de cette ARWS Gallaecia. C’est fait,environ 350km vtt, 120km à pied et 45km de canoë ; embrassade, photos, Alexandra et Alex sont venus nous féliciter. Une bière avec Thomas Guillet reporter d’Endorphinmag, elle est bien méritée.

Félicitations à l’organisation, toute cette logistique de transport de vtt et sac à multiples reprises (pas un couac), leurs sourires.

Podium : victoire de Silva-Haglofs suivi de Seagate et adventure addicts team.

Excellent brunch garnis de tapas de fin de course dans un magnifique hôtel. Retour à Paris.

Muchas gracias à mes coéquipiers/ère d’Issy aventure –Absolu raid pour cette aventure, vous avez été formidable, elle restera gravée dans les plus belles courses de ma vie sportive.

Une séance de cryothérapie lundi me fera le plus grand bien.

Tchao.

Yves Team Ding’O

Merci à Carrefour Gruchet, Intersport Gruchet, Orientsport, Laurence Brodin Kiné à Lillebonne, Loïc pour le suivi live, Endorphinmag et Issy aventure Absolu raid pour leur soutien….